Probabilité de chance de risque = 100% puissance quatre

Probabilité que tout se passe bien = zéro.

"Reader, I think proper, before we proceed any farther together, to acquaint thee, that I intend to digress, through this whole history, as often as I see occasion."

Henry Fielding, Tom Jones

lundi 9 juin 2008

Maradona par Kusturica, d'Emir Kusturica
ou plutôt Kusturica par Kusturica



Maradona, c’est pas vraiment mon idole. Mais s’il est filmé par un grand cinéaste, là je veux bien aller au cinéma pour le voir. Emir Kusturica, deux palmes d’or à Cannes, semblait être une valeur sûre. Sauf que dans ce pseudo-documentaire bordélique, il passe totalement à côté de son sujet.

Ça commence sur un ton très second degré. « Qui est cet homme, ce magicien du football. Cette victime de la cocaïne, repentie, qui a d’abord ressemblé à un Falstaff, puis à une pub pour spaghettis », dit Kusturica en voix-off. Et juste après, ça se gâte. Déjà, on ne fait que voir le réalisateur. Tout le temps. Sa tête de Jean Louis Borloo hippie filmée en contre plongée, on aurait pu s’en passer (preuve plus bas). Il est la voix off, il est le verbe et l’image, il est la substance, mais ça ne lui a pas suffi ! Il a fallu qu’il passe des extraits de ses films (dont on comprend mal le rapprochement avec la vie du footballeur argentin…) ! Il présente sa fille à Maradona devant la caméra, parle de la mort de sa mère. Bref, ce documentaire témoigne d’une forte-forte-FORTE hypertrophie du moi. D'ailleurs, rien que le titre du documentaire montre que le sujet et l'auteur sont sur un pied d'égalité.

Mais ce qui énerve sans doute le plus, c’est que dans les rares moments d’interview de Diego Armando Maradona, on voit se profiler un personnage comique et intéressant. Avec des phrases du genre : « Imagine le joueur que j’aurais été si j’avais pas pris de la coke ? » Et au lieu d’exploiter ça, au lieu de creuser, Kusturica le filme en fan, sans recul ni analyse.

Il y a une sorte de vraie-fausse admiration qui se dévoile peu à peu. En voix-off, le réalisateur dit : « L’accueil de son public ne démontre qu’une chose : on pardonne tout aux dieux ». Bon, le mec n’a fait que marquer des buts dans sa vie. C’est peut être un peu exagéré de le considérer comme un dieu. Et le pire, c’est quand Kusturica raconte que Maradona est la dernière personne qui a parlé à sa propre mère avant de mourir. « Au moins, elle a parlé à un dieu avant d’aller au paradis », lance-t-il. On ne sait pas trop si c’est du second degré morbide ou de la démagogie pâteuse. Maradona est anti-Bush, anti-Etats-Unis, comme l’est Kusturica. Le réalisateur a-t-il voulu mettre en avant un personnage plus célèbre que lui pour faire passer ses opinions ?

Sans aucun recul sur le sujet, Kusturica signe un documentaire médiocre. On reste sur sa fin, ennuyé par les nombreux extraits répétitifs et sans intérêt (cf. les petits dessins animés où Maradona joue au foot contre Bush, Blair ou Thatcher déguisés en diables.) Finalement, ce qu’on retient en sortant du film, ce sont les phrases cultes de Maradona, son accent argentin mélodieux. On fredonne la chanson de Manu Chao « La vida es une tombola », et on passe à autre chose, faute d’avoir réellement appris quelque chose pendant le film.


Anne de Chochult


Preuve :









3 commentaires:

  1. la ressemblance est incroyablement frappante, quel oeil !

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  2. Kusturica, en plus d'être le frère caché de Jean-Louis Borloo, a démarré sa carrière cinématographique il y a longtemps.... devant la caméra.

    http://www.brindilles.net/wp-content/uploads/2007/10/shining.jpg

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  3. Moi,je trouve que celui qui ressemble vraiment à Borloo, c'est Carlo. Nan?

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