Probabilité de chance de risque = 100% puissance quatre

Probabilité que tout se passe bien = zéro.

"Reader, I think proper, before we proceed any farther together, to acquaint thee, that I intend to digress, through this whole history, as often as I see occasion."

Henry Fielding, Tom Jones

dimanche 26 octobre 2008

La Contre-Histoire des Coupes de Cheveux
Ou une Généalogie du Salon de Coiffure


Loin de nous l’idée de remettre en cause la théorie mainstream et cousue de cheveu blanc instiguée par Gilbert Grutgrule, Jean-Noël Bourdin Jr. et Karl Max dans ce tissu d’inepties qu’on appelle De capilo historiae, et réhabilitée contre toute attente par l’honorable Mademoiselle de Chochult ; nonobstant, il nous tient à cœur pour des raisons tant pittoresques que politiques de rappeler certaines vérités gênantes qu’on a tendance à oublier un peu trop rapidement quand on va nonchalamment se faire mettre en plis.

Le terme "coiffeur", qui paraît bête comme chou* est l’objet d’une controverse qui ferait pâlir le créationnisme, Paul-Lou Sulitzer et le réchauffement climatique réunis.

Il est possible d'appeler un coiffeur "merlan" si l'on est né avant 1900.

Si l'on a du goût, du panache, en bref, de la moustache, on peut l’appeler "barbier" et porter une perruque de Beaumarchais.

En contrepartie d’un acte douloureux de renoncement à toute estime de soi langagière, on peut se fendre d’un "je vais au coup’tif" lorsqu’il nous sied.

Les salons de coiffure n’ont pas, contrairement à certaines rumeurs qui circulent, pour but de se rabibocher avec son reflet, mais d’inventer des jeux de mots dont le croustillant angliciste n’a d’égal que l’inventivité (le ressort principal étant un calembour jouant sur l’homophonie hair/air, voire ère dans un jour de magnanimité).

Les mammouths ne portaient pas de moumoute.

* (le chou est la plus noble institution qui soit, ndlr)

Le collectif "Merlans en pétard"
Propos recueillis par naÿv la nrf yee!

mercredi 22 octobre 2008

L’Histoire des Coupes de Cheveux (II)

La Préhistoire

Commençons notre périple à travers l’histoire par l’époque où le mammouth était encore debout, j’ai nommé : la préhistoire. Notre ancêtre, l’Homo Erectus, arborait principalement une sorte de casque capillaire hirsute. Nous ne pouvons pas encore parler de coupe de cheveux, puisque les coiffeurs n’existaient pas*.

Les scientifiques supputent que les hommes préhistoriques trouvaient en Dame Nature leurs inspirations : du coiffé-décoiffé du mammouth au lissé sage de la baie sauvage, en passant par l’ébouriffé-punk de la hyène.

Grumfgrut, mannequin durant "Les années folles", -3 millions avant J.-C.

Fait digne d’intérêt, malgré la non-existence de la coupe de cheveux, il existait déjà des chauves, en témoigne la photo ci-dessous.


Cependant, était-ce un choix rationnel, une coutume religieuse, ou un acte dérivé de la sélection naturelle ? Nul ne sait.

Anne de Chochult

* GRUTGRULE Gilbert, BOURDIN Jean-Noël Jr., MAX Karl, De capilo historiae, éd. PUF., 1986, 1250 p.

mardi 21 octobre 2008

L’Histoire des Coupes de Cheveux (I)

« Régine a un épi », « Bernard s’est coiffé avec un pétard ? », « Brigitte coiffe Sainte-Catherine »… Tant de petites remarques en apparence banales et insignifiantes, mais derrière lesquelles se cache un véritable enjeu : celui de la coupe de cheveux.

Sous son air anodin, la coupe de cheveux soulève un bon paquet de polémiques. Je n’en citerai que quelques unes :
  • La coupe de cheveux est-elle un moyen de conquérir le pouvoir ?
  • Un bon coiffeur est-il le gage de la réussite professionnelle ?
  • Et qu’en est-il des chauves : est-ce un choix rationnel ?
  • Peut-on imaginer un monde sans brushing ?
  • La gomina est-elle un leurre de notre surmoi ?
Tant d’interrogations nécessitent un vrai travail d’enquête et d’analyse, afin de terminer quel est finalement l’impact des coupes de cheveux sur l’histoire avec un grand H.

Les femmes tondues à la libération, la moumoute cachée de PPDA, le gel de John Travolta, tant de sujets qui ont toujours été examiné par les regards des historiens et sociologues, mais non des coiffeurs.

Ainsi, à travers la saga « L’Histoire des Coupes de Cheveux », nous retracerons l’émergence de cette res*, à la fois implacable contre-pouvoir, et instrument de légitimation sans équivalent depuis la pomme d’Adam.

Nous commencerons la semaine prochaine notre périple par la Préhistoire.


Anne de Chochult



* la chose

samedi 18 octobre 2008

La Loi et l'Ordre

La Loi et l’Ordre. Hollywood donne dans Hobbes, à en juger par le titre de ce film profond, qu’on aurait pu légender « De Niro homini lupus ». Discuter la nécessité de la loi, les limites du droit et la faiblesse des hommes : telle est l’ambition de ce long-métrage aux résonances ontologiques.

Les héros s’appellent Turk et Rooster. On dirait le nom de personnages de cartoons de Warner Bros, et c’est sans aucun doute une manière, pour le réalisateur, de dénoncer la puérilité de nos sociétés. Les interprétations d’Al Pacino et Robert De Niro sont époustouflantes. Ce dernier ré-adopte la diction qui l’avait rendu célèbre, celle du parrain jeune, dans The Godfather : une partition d’une originalité et d’une cohérence stupéfiante de justesse par rapport au scénario.

Transporté par l’histoire et ses moult rebondissements, tous plus bluffants les uns que les autres, le spectateur savoure chaque instant, aussi éphémère soit-il, de cette chasse au serial-killer. Et la phrase culte surgit de nulle part, permettant de pousser la réflexion encore plus loin dans nos consciences : « Most people respect the badge. Everyone respects the gun. »

Une analyse sémantique révèlerait la richesse de la langue employée dans cet ovni cinématographique. La création littéraire laisse le public aphone : « abso-fucking-lutely », susurre Turk. Les répliques, légères et satinées, relèvent de la poésie pure : « You thought I'd get my dick cut off but instead you blew it ».

Au final, La Loi et l’Ordre pourvoit une vraie réflexion sur la justice, la place de l’homme dans la société, et la retraite des acteurs supposés sexy alors qu’ils courent en pyjama. Une magistrale leçon de cinéma.

Anne de Chochult

Robert De Niro, ou l'incarnation des
fantasmes féminins les plus secrets

mercredi 15 octobre 2008

"En mode"
Mode des mots / mots démodés


L'usage quotidien des mots répond-il à un cycle semblable à celui de la mode (vestimentaire) ?

A priori non, sinon cela ferait belle lurette que les trend-setters se seraient réappropriés le terme "bath", qui se trouverait à cette occasion remis au goût du jour, pour entamer ensuite un lent déclin ; ainsi, on n'eût plus compté que trois occurrences mensuelles moyennes pour cet "adjectif qualificatif" en 2005.

A ce propos, peut-on vraiment qualifier "bath" de qualificatif ? N'ayant pas connu sa période d'apogée, je ne considère pas avoir de légitimité à prétendre connaître les usages dudit mot. Après un rapide tour d'horizon de mon entourage ayant plus de quatre ans dans les années 1970, je puis néanmoins avancer que les expressions coagulées "un bateau bath" ou "un bath âne bâté" n'ont jamais vraiment pris, alors que je détiens de nombreuses preuves que dans les seventies, on se la donnait grave à coups de "on va batifoler à Bath en lisant l'intégrale de Georges Bataille c'est bath".

Ce qui distingue les années 1970 du troisième millénaire (on a l'avantage en 2008 de pouvoir comparer un millénaire entier à une simple décennie sans que cela paraisse outrageux), c'est que le mot "bath" était un chouette mot, alors que "c'est net" ou "clair" sont tout simplement irritants.

Certains petits mots "en vogue" (j'entends par là "in" ou encore "dans le vent") polluent tellement l'inconscient collllectif qu'ils semblent être partout, à fluxer et refluxer, et qu'on a envie de leur tordre le coup. "Ironie du sort" (copyright JT de 20h) l'expression actuellement à la mode est "en mode".
Je me demande donc si nous arriverons à l'escamoter en douce, et si nous parviendrons à déjouer le système de la mode de telle façon que l'expression suscitée ne revienne JAMAIS.

naÿv la nrf yee!

samedi 11 octobre 2008

Episodium VI, Saisonus I

Plupina alla donc consulter… la bouche du malheur. Plus précise que la Pythie, plus loquace que les Augures, plus juste que les aruspices, la bouche du malheur était THE référence en matière d’art divinatoire.
...
Mais pour une raison mystérieuse, la bouche du malheur était en plein delirium tremens...

vendredi 10 octobre 2008

Taxinomie non exhaustive de la drague parisiano-brésilienne


"Eh, mademoiselle, t'as pas un zéro six ?"
Anaximandre, Περὶ τῶν ἀπλανῶν

Le barathonien
"Je te paye un verre dans le bar d'à côté ?"

Celui qui ne te lâchera pas les basques
"Tu t'ennuies ?
-Non, je suis fatiguée...
-Et embrasser, ça fatigue ?"

Celui qui pense qu'à l'usure... des fois... ça peut passer
"Eh rentre viens prendre un café ? tu viens prendre un café mademoiselle ? tu veux pas prendre un café ? allez, viens prendre un café"

Le gentleman
"Hmm vraiment parfaite"

Le bestial
"Hrmrmrmrm... j'aime les femmes comme ça"

Le mec qui s'est pas foulé
"Charmante"
"Ravissante"
"Mademoiselle ! Hé mademoiselle !"

Le vainqueur
"Superbe !" (le pouce levé)

Le respectueux
"tu es pressée peut-être ?
-heu oui...
-ah, tant pis, bonne soirée"

La guimauve
"Come back baby you've broken my heart"

Le propriétaire de chien ou l'amoureux des bêtes
"Hé Mademoiselle... hé beauté... tst tst tst tst"

Celui qui connaît les règles de savoir vivre
"Tu es la reine de la nuit"
"Tu es la princesse du lieu"

Le mec qui n'est pas à l'aise s'il n'a pas 3 grammes dans le sang
"Hé poulette tu veux prendre un verre ?"

Le mime marceau
Clin d'oeil

Le mec qui pense que la communication inter-sexe se fait en langue du chat
"Miaouuuu"

Rappel : la taxinomie a pour objet l'établissement de taxons.


Anne de Chochult

mardi 7 octobre 2008

Episodium V, Saisonus I

Si la foule acclamait Glucus, cette fiente d’oiseau du lac Stymphale, c’est parce qu’il avait débarrassé la ville de Ferroleus, le violeur de chèvres qui terrorisait les beaux quartiers. Dans la mémoire collective, Glucus était un héros, car il avait tué Ferroleus. Mais si l’acte de Glucus n’avait rien d’héroïque, il avait en revanche, tout d’érotique... C’était à la suite d’un jeu sadomasochiste que Ferroleus était mort.


Glucus, cet être sans foi ni loi, se garda bien de révéler la vérité à qui que ce soit.

Ainsi, Plupina se trouva dans un dilemme cornélien, que seul un sabre acheté au souk de Byzance aurait pu trancher : épouser l’homme que Rome aimait ou celui que ses phéromones lui indiquaient.