
Après Casino Royale, j’étais bien décidée à savoir ce qu’il adviendrait du petit cœur en lambeaux de 007. Bond était en effet tombé amoureux de Vesper Lynd (Eva Green), qui mourait tragiquement à la fin du film.
Ça commence tough. Course poursuite en voiture sur la côte italienne, chasse à l’homme dans les sous-terrains de Sienne. La perte de l’être aimé a déclenché en James une rage froide. C’est un être incontrôlable, au grand dam de M, qui a beau le sermonner, rien n’y fait. A aucun moment l’on voit l’espion dormir ou manger. Normal, c’est une machine à tuer, une brute qui ne pense qu’à la vengeance. Bien sûr, petit à petit la carapace s’effrite. L’affect ressurgit, mais il est toujours mesuré.
Daniel Craig a bien révolutionné l’espion de sa Majesté. Son regard azuréen, sa moue concentrée, sa démarche mécanique. Sans regret, ni pitié. Brisé. Il est bien loin le temps où James Bond s’accouplait à tout ce qui bougeait. Bien loin le temps où les répliques légères fusaient durant les combats :
James Bond, dont l’appareil reproducteur est menacé par un laser :
“Do you expect me to talk ?”
Auric Goldfinger, le méchant : (enjoué)
“No Mister Bond! I expect you to die!”
Ce n’est ni mieux ni pire. C’est différent. Car désormais, les James Bond ne sont plus des films familiaux, mais de véritables films de genre.