Probabilité de chance de risque = 100% puissance quatre

Probabilité que tout se passe bien = zéro.

"Reader, I think proper, before we proceed any farther together, to acquaint thee, that I intend to digress, through this whole history, as often as I see occasion."

Henry Fielding, Tom Jones

vendredi 6 juin 2008

Deux jours à tuer, de Jean Becker


J’avais deux heures à tuer, alors je suis allée voir « Deux jours à tuer ». Ce film, je ne serai sûrement pas allée le voir naturellement. Le scénario avait tout l’air d’indiquer de manière subliminale : « attention ! film pour dépressifs ». Et je n’aime pas pleurer au cinéma.
Antoine, la quarantaine, envoie paître sa femme, ses
enfants, ses amis, son boulot, sa vie. En un week-end.
Au début, il y a la lente descente aux enfers de celui qu’on croit fou. Ensuite, l’explication. Les premières minutes, on rit des répliques cinglantes qu’Antoine lance à son client, à sa femme ou ses enfants. On s’imagine à sa place en train de dire ses quatre vérités. « Votre yaourt, vous pouvez vous le mettre dans le cul », dit-il à son client. « Oh, des avocats crevettes, comme c’est originaaaal Chérie », lance-t-il ironiquement à sa femme.

Peu à peu, on est mal à l’aise, devant cet individu qui transgresse à ce point les règles de la bienséance. Il insulte sa femme, pelote celle de son ami, et j’en passe. On pense que, victime du « malaise dans la civilisation », sa soupape explose. Il devient l’être anti-social par excellence. Pour vivre en société, il faut savoir mentir, par omission ou pas. Mais Antoine n’a pas envie d’exister au sein de cette société là : « Pourquoi dès que quelqu’un parle avec un minimum de sincérité, tout le monde le trouve dingue ? », dit-il. Même si on éprouve de la répulsion envers le personnage, parfois, on comprend ce qu’il ressent. Cette quête de sens, ce besoin de se sentir vivant comme il dit. Pourtant, sa méthode pour trouver du sens à sa vie est désagréable à voir. On pense que ça va "finir en Shining", qu'il va découper ses proches à la hâche.

Or, il y a une autre explication à cette folie soudaine. Même si on commençait à s’en douter avant la révélation, c’est assez déplaisant cette fin. On aurait préféré qu’il n’y ait pas de justification concrète. Qu’on reste avec l’idée que c’est une société déshumanisée qui a créé ce déséquilibré. Car en apprenant qu’Antoine a simulé sa folie, et que le réalisateur nous a mené en bateau depuis le début, la moral du film se trouble, et devient confuse dans notre esprit.


Anne de Chochult

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