Probabilité de chance de risque = 100% puissance quatre

Probabilité que tout se passe bien = zéro.

"Reader, I think proper, before we proceed any farther together, to acquaint thee, that I intend to digress, through this whole history, as often as I see occasion."

Henry Fielding, Tom Jones

mercredi 17 décembre 2008

John Phylactère, l'homme-bulle


Celui qu’on surnommait John O’Johnny John John dans le milieu de la bande dessinée picaresque nous a quittés lundi 15 décembre. Après des heures de joute tant verbale qu’herméneutique, les experts amenés à se prononcer sur les causes du décès – au nombre desquels le botaniste Pepito Javel et le skieur de fond Jean-Bernard Laplouze – ont estimé que le petit virtuose du volume imagé avait succombé sous le coup d’un excès de zèle.

C’est son fidèle compagnon Abolibibelodinanitésonor, bavard et néanmoins canin, qui a délivré un témoignage jugé « crucial » d’après la journaliste des pages froufrou de Marie-Claire. Bien que l’animal, assez soporifique à en croire son entourage, soit impliqué dans moult procès en raison de son sobriquet abracadabrant, les propos qu’il a tenus au cours de la matinée du 16 décembre ("Ouaf, ouaf, ouaf ouaf") semblent mettre fin à tout doute quant à la causalité de la mort brutale du dessinateur fou.

Né en 1948 à Petropavlovsk-Kamchatka, le petit John s’adonne à la pâte à sel alors qu’il ne passe pas encore la barre pour s’embarquer dans Space Mountain. A l’âge de cinq ans, il réalise sa première bande dessinée, qu’il baptise sans concession Paléontologie crépusculaire et patinage artistique en Nouvelle-Calédonie. L’œuvre va déjà bien au-delà de la simple historiette pour enfants, ainsi que le suggèrent les paroles du héros Tiburce sur lesquelles s’ouvre la narration : "Judicaël, rends-moi mon ballon ou j’te tatane ta bécane." On lit déjà à travers ces lignes, dont le registre élégiaque n’est plus à prouver (cf. Loup-Paul Barbizon, Les plus belles promenades à Brive-la-Gaillarde), l’engagement de l’auteur contre le régime soviétique.

Mais c’est son triptyque La peau de l’ours ne fait pas l’habit du moine, réalisé au compas sur papier glacé, qui signera sa consécration en 1982. C’est cette année-là que la dimension donquichottesque de l’écriture de John O’Johnny John John déploie toute sa force. Les trois thèmes-titres de cette trilogie - tapenade, casuistique, gymnastique rythmique et sportive – sont ici traités sous un angle essentialiste qui n’est pas sans rappeler le traité 35 de Plotin, Pourquoi les objets vus de loin paraissent-ils petits ?.

Nul doute, John Phylactère fut un grand artiste, et son décès risque de faire grincer quelques dents au sein de l’intelligentsia franc-comtoise.

naÿv la nrf yee!

2 commentaires:

  1. Arrête de mythonner. Judicaël est un garçon sympathique, même s'il a un nom à chier.

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  2. Je n'aime pas beaucoup l'ironie vis-à-vis de la Franche Comté Mademoiselle Sinonime...

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