Probabilité de chance de risque = 100% puissance quatre

Probabilité que tout se passe bien = zéro.

"Reader, I think proper, before we proceed any farther together, to acquaint thee, that I intend to digress, through this whole history, as often as I see occasion."

Henry Fielding, Tom Jones

vendredi 19 décembre 2008

Burn after Reading


Après “No country for Old Men”, ou le seul élément drôle résidait en la coupe de cheveux de Javier Bardem, les frères Coen livrent une comédie burlesque soutenue par des acteurs mythiques.

Un casting de rêve pour un scénario cauchemardesque… Osbourne Cox est démissionné de la CIA à cause de son affair avec la bouteille. Il décide d’écrire ses mémoires d’espion pour se venger, mais ces dernières tombent malencontreusement entre les mains de deux employés du club de fitness ringard Hardbodies, qui finissent par exercer un chantage plus ou moins maîtrisé sur Cox. Pendant ce temps là, sa femme, qui s’envoie en l’air avec un policier fédéral marié, entame une procédure de divorce. Par hasard, le dit amant se retrouve mêlé à toute cette histoire…

Ce film est un gigantesque quiproquo, si tordant que même Vladimir Poutine pourrait en esquisser un sourire (rappelons que « ce type ne rigole que lorsqu’il arrache les oreilles d’enfants tchétchènes (1)»).
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"Chérie, je crois que j'ai retrouvé les bières!"

Le jeu d’acteur est juste incroyable. Exit le charme et la séduction, bonjour l’autodérision. Médaille d’or à Brad Pitt qui incarne à la perfection l’imbécillité. Grâce à une palette d’expressions burlesques plus riche que notre Danny Boon national, Brad Pitt ne peut plisser les yeux, murmurer au téléphone (2), sourire dans un placard, siroter un soda, ni même mâcher un chewing-gum, sans déclencher l’hilarité du public. Georges Clooney, tantôt loser dilettante, tantôt artisan de chaise à bascule classée X, ou paranoïaque meurtrier, est tout aussi bluffant. Quant à Frances McDormand, même si on connaissait son habilité à jouer les débiles (voir Fargo), elle excelle ici en obsédée de la chirurgie esthétique, prête à tout pour voir disparaître ses bras flasques et ses excroissances fessières.
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Le nouveau Fernandel

Les seconds rôles sont tout aussi percutants. Mention spéciale à J.K. Simmons, le supérieur à la CIA, qui s’est illustré récemment en papa compréhensif dans Juno, et en patron sans scrupules dans Thank you for Smoking.

Mon idole, JK Simmons

Les dernières phrases (3) résument bien l’essence de Burn After Reading : de la comédie pure. Sans idéologie, ni morale. Un divertissement éthéré, qui laisse en mémoire des images désopilantes, des répliques cultes, un répertoire de gros mots inépuisables, et surtout, un sourire aux lèvres pour toute la soirée.

Anne de Chochult

1. Une des répliques cultes du faux docu de Karl Zéro « Being W ».
2. « Osbourne Cooox ? Osbourne Cox ?…. I’m a good samaritan. »
3. CIA Superior: What did we learn, Palmer?
CIA Officer: I don't know, sir.
CIA Superior: I don't fuckin' know either. I guess we learned not to do it again.

1 commentaire:

  1. chère critique, vous avez omis un détail. En effet, ce ne sont pas les mémoires de Cox qui tombent dans les mains des sportifs, ce sont les copies des finances que tient sa femme en vue du divorce.

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