À tous ceux qui aiment, pratiquent, honnissent ou mésusent du verlan, et à ceux qui se surprennent eux-mêmes, un matin, à dire "dame, ce café il a vraiment un goût chelou", nous avons élaboré un mini-principe toponymique à l’usage d’un lecteur fictif mais plutôt gossbo.
CHAPITRE 1 : le verlan, victoire intellectuelle du politiquement correct
Toi aussi t’as eu 14 ans. Toi aussi t’as dit de tes copains qu’ils étaient beurs et renois juste parce qu’ils étaient arabes et noirs. Ca faisait un peu plus cool et un peu moins survivance post-colonialiste. Et encore aujourd’hui, quand ta mère parle de ton "copain noir", tu flippes ta race parce que tu peux pas t’empêcher de penser qu’elle est raciste (et pour cause, et merde).
CHAPITRE 2 : le verlan, glissement de sens
1. Si tu dois te faire insulter, tu préfères qu’on te dise "sale pute" ou "sale tepu" ? Perso, les auteurs, si on leur laissait le choix, opteraient pour "tepu", parce que ... pffff, parce que c'est du verlan, quoi.
2. Un autre cas d'école :
- "Ce mec est louche" : ce mec appartient à l’univers du pardessus gris-marron, des sorties d’école et des commissariats. Il "peut" faire peur.
- "Ce mec est chelou" : certes, il fait un peu peur, mais tu peux lui confier ta petite soeur (on dit ça parce qu'on a pas de petite soeur). S'il rit quand il pense à des choses que lui seul comprend, s'il est grand, très maigre, s'il fume, s'il se drogue, s'il mange vite, s'il déménage sans raison ou encore s'il t’écrit des messages qui appellent des réponses en "pfffff", "hein ?" ou "qu’est ce que tu veux dire au juste ?" alors soyons clairs ce mec n’est pas louche, il est seulement chelou.
NB : La réciroque existe. Mieux vaut être bête qu’être teubé.
3. Autre exemple:
- "Jean-Bernard est vraiment lourd" = Jean-Bernard est VRAIMENT lourd.
- "Colin est relou ce soir" = bon ben Colin sur ce coup-là il a été relou, mais Colin c'est un pote.
CHAPITRE 3 : le verlan, un palmarès
On sait pas pourquoi, mais on gros coeur coeur pour : kacedédi / golri / claude lechelou / ouf / guedin / ouf-guedin / se faire un domac / cimer / comme aç & son tepo ça comme / se taper la tehon / tiéquar... et LE verlan qui fait plais’ : pécho des meufs
CHAPITRE 4 : le verlan, celui qu’est ringue
(Ma collègue me glisse : ben attends je vais aller dans les paroles de doc gynéco ça va être vite fait)
keum / tromé / le toncar / keuss... et LE verlan qui fait bégére : tof
(NB : Dans "Est-ce que ça le fait", Doc Gynéco nous dit : "Promo, télé, radio, tel-hô". Le mec a osé dire "tel-hô" !)
CHAPITRE 5 : le verlan, chausse-trappe
CHAPITRE 6 : le faux verlan, le palindrome
RER, LOL, coloc et Polpot (non seulement faux verlan, mais en plus même pas cap d’être un palindrome)
CHAPITRE 7 : le verlan, à travers les âges
CHAPITRE 8 : le verlan, ses limites
En dépit du penchant foufou qu’on a pour le mot vénère, force est de constater qu’il est diablement ianch à conjuguer.
CHAPITRE 9 : le verlan, no limit
- Activités ludo-pédagogiques : le blescra / la paye bonne
- Épistémologie : chlarba
- Gastronomie : la zinecui / le gofri / la rolecasse / le babké
- Géographie : la sessui dont s’ensuit le petit-sessui / norcorédu
- Médecine : zoski / bibtou (mais toubib est plus chébran)
- Personnalités politiques : raquechi / elisabeth gougui
- Sorties : le djédi
- Transports : lettemoby
- Zoologie : goscar de gognebour
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