Probabilité de chance de risque = 100% puissance quatre

Probabilité que tout se passe bien = zéro.

"Reader, I think proper, before we proceed any farther together, to acquaint thee, that I intend to digress, through this whole history, as often as I see occasion."

Henry Fielding, Tom Jones

dimanche 13 juin 2010

FRENCH PEOPLE



Aujourd’hui My Exquisite Corpse a eu la joie de pouvoir interviewer, en exclusivité partagée également par 17 autres reporters, la jeune pousse du cinéma français Argantelle Lafrafra. A 23 ans, elle a déjà conquis tous les grands noms du cinéma français, et a attiré l’attention des pontes d’Hollywood, alors que vous, au même âge, êtes en train de chercher désespérément un CDD mal payé bande de moules. Elle a commencé dans le singulier « Spleen bourguignon » de l’exigeant Guingand Crapoulet, incarnant une mystérieuse Alba tourmentée, ce qui lui a valu une nomination pour le « meilleur espoir de l’incarnation de la dépressive parisienne en Zadig et Voltaire pétée de tunes mais malheureuse comme une vieille chaussette sans jamais donner ses raisons, la plus crédible explication de son comportement étant qu’elle s’emmerde dans son appart du Marais» au festival de Melun. Après plusieurs rôles dans plusieurs films de plusieurs cinéastes, elle a frappé dans l’œil droit de Boyen Thai (qui ne voit plus grand chose depuis, d’où d’ailleurs sa chute cocasse et grotesque lors de la descente des marches avec un grand M), et campe dans la dernière fresque historique de ce géant du cinéma US une Aliénor d’Aquitaine pétrifiante de vérité, d’autant plus pétrifiante qu’elle n’apparaît que deux fois à l’écran, dont une scène toute nue et l’autre sans voix.


Argantelle, racontez-nous un peu cette incroyable expérience dans « Jehan Le Preux » de Boyen Thai. Que s’est-il passé ?

C’était assez incroyable. C’est sûr. Je ne m’y attendais pas du tout à vrai dire. J’étais chez moi, peinarde, quand Boyen (ndrl. Thai, mais lui et moi sommes comme les deux doigts de la main depuis) m’a appelé, et m’a dit « Argantelle, you’re fucking great, hot, and smart. Please come, I beg you, pleeeeease. ».  Evidemment je ne pouvais pas refuser,  Boyen en personne me suppliait de venir !

Et le tournage ? Quel effet vous a fait Hollywood ?

C’était assez incroyable, c’est sûr. Beaucoup plus grand qu’un film français. Oui. Beaucoup plus de monde. Beaucoup plus d’acteurs. Oui, incroyable. Beaucoup plus de caméras. Oui, beaucoup plus d’assistantes décoration. Oui… Beaucoup plus de …

Aha. Et côtoyer au jour le jour des mythes du cinéma américain comme Rufus Hydiun, Gladia Bouionoui, Waynee Mainee ?

Incroyable. C’était incroyable. Rufus est incroyable, un cœur grand comme ça. Il m’a donné un surnom, Argantelle la tarentule. Qu’est ce qu’on se fendait la poire après le tournage, lui, moi, Gladia et Waynee ! Des gens incroyables quand on les connaît, pas du tout arrogants…mais bon il faut les connaître hein…

Argantelle, vous êtes la fille de Jeremiah Lafrafra, producteur de « Spleen Bourguigon », votre premier film. Vous êtes également cousine germaine et Suzanne de Newton Thai, la femme de Boyen Thai. En outre, vous êtes également la compagne d'Eugène Crapoulet, fils de Guingand Crapoulet, Eugène jouant d’ailleurs votre partenaire à l’écran dans « Spleen Bourguignon », tout aussi dépressif que vous dans le film, à la différence qu’il est habillé par The Kooples. Pensez-vous que ces accointances ont pu parfois, comme ça, sans faire exprès, vous aider dans votre carrière ?

Non. Absolument pas. D’ailleurs, vous voulez que je vous dise, lorsque que mon père est allé voir "Spleen Bourguignon", il a dit à ma mère (qui est d’ailleurs la banquière de Guingand Crapoulet, tout en étant la sœur de Boyen Thai, et la fille de Lasi Kliklik, le réalisateur de mon prochain film « Ou étais-tu parti quand tu n’étais plus là alors que j’étais arrivé ») , « chérie, ne serait-ce pas notre fille sur l’écran ou je m’abuse ? » . Et puis vous savez, j’en ai marre de toute cette persécution à l’encontre des Filles de et des Fils de ! Je n’y peux rien moi, si je baigne depuis toujours dans le milieu du cinéma ! Vous savez, tous ces journalistes qui s’acharnent sur des jeunes acteurs qui cherchent à débuter, sous prétexte qu’ils sont nés au sein d’une certaine famille, eh bien, eh bien, ça me fait penser à …. NB / note de l’auteur : à cet instant, nous sentons clairement en Argantelle Lafrafra la tentation d’utiliser une figure littéraire de plus en plus commune, à savoir la comparatofaschistisation. La comparatofaschistisation consiste à établir un parallèle audacieux entre une situation actuelle quelconque (un temps pourri, un pouvoir d’achat faible, une fuite des canalisations, le site Voyages sncf qui ne marche pas, un frigo qui casse, des tomates qui n’ont pas de goût) et l’oppression nazie de la 2ème Guerre Mondiale. Le parallèle est d’autant plus audacieux quand la situation actuelle n’a rien à voir avec le ski ou la choucroute. Et bah ça me fait penser à….et bah à…certains journaux….oui et bah….à la chasse aux sorcières !!!! Oui la chasse aux sorcières…très bien ça…

Argantelle, tout ça est tout simplement fabuleux. Ces films, votre nomination au « meilleur espoir de l’incarnation de la dépressive parisienne en Zadig et Voltaire pétée de tunes mais malheureuse comme une vieille chaussette sans jamais donner ses raisons, la plus crédible explication de son comportement étant qu’elle s’emmerde dans son appart du Marais», et maintenant d’ailleurs, cette nouvelle qui vient de tomber et de se faire sacrément mal, votre nomination au Grand prix de la banlieue Est de Sacramento, pour votre prouesse dans Jehan Le Preux avec la nomination féminine de l’année pour « un rôle carrément de second plan qui consiste à être debout et parfois assise et parfois redebout et parfois reassise et parfois à faire un regard super super méchant mais au fond très émouvant et à dire « damned, mon bon roi, où est donc mon étole » », c’est fabuleux. Auriez-vous imaginé ça, il y a quelques années, au lycée Gonzague ?

Oui c’est incroyable. C’est sûr. Et je n’aurais jamais , mais alors jamais imaginé ça. Vous savez, moi quand j’étais au lycée, je n’étais pas cette fille incroyablement sublime et populaire que vous admirez aujourd’hui avec vos yeux ébahis. J’étais très timide, réservée. Je ne sortais pas beaucoup, je restais chez moi à lire Wittgenstein et Marc-Aurèle. Et si vous pensez que je faisais tomber tous les garçons, eh bah vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’au trognon. Je me trouvais AFFREUSE, mais vraiment AFFREUSE. Bref, c’est incroyable. Juste incroyable.


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