Probabilité de chance de risque = 100% puissance quatre

Probabilité que tout se passe bien = zéro.

"Reader, I think proper, before we proceed any farther together, to acquaint thee, that I intend to digress, through this whole history, as often as I see occasion."

Henry Fielding, Tom Jones

lundi 10 novembre 2008

Appaloosa
ou quand Ed Harris réinvente le western


La conquête de l’Ouest… Des hors-la-loi, des shérifs et des indiens. Quelques femmes. Le désert du Nouveau Mexique. Du sang. Le vengeance et la trahison. C’est le socle de tout bon western, mais ce n’est pas tout : il faut un soupçon de génie pour maîtriser ce genre pas si évident qu’il n’y parait.

Dans mon imaginaire, le western est associé à Sergio Leone, aux rengaines à l’harmonica, aux gros plans sur des yeux vengeurs enflammés de rage, à Clint Eastwood et Lee Van Cleef, au brin d’herbe dans la bouche. Le western, c’est aussi L’homme qui a tué Liberty Valence et la dégaine brutale de John Wayne.

Difficile de s’émanciper de ces codes sans faire un gros nanar (cf. le nullissime Mort ou vif ou le moyen 3h10 pour Yuma). Ed Harris réussit donc là où beaucoup ont échoué, en réinventant le western. Dans Appaloosa, il n’y a pas de violence boueuse, comme dans la série américaine (néanmoins excellente) Deadwood. Pas non plus d’ambiance érotico-festive dans le saloon de la ville, ni de gentils soûlards accoudés au comptoir, ni de duel haletant à chaque coin de rue.

Dans Appaloosa, il y a les visages ridés, ravagés par le soleil brûlant, les voix granuleuses des hommes, les femmes qui font la moue, et surtout, le temps qui passe. On se dit que finalement, la vie ne devait pas être si excitante que ça dans l’Ouest des cow-boys. Trois femmes pour cent gaillards, quelques cigares, beaucoup d’alcool, les villes les plus proches à 100 km à la ronde. Enfin rassurez-vous, le film remplit son quota de duels, mercenaires calculateurs, méchants lettrés et autres curiosités.

Appaloosa est un bon film, intelligemment joué. Viggo Mortensen prouve que l’interprétation d’un personnage viril peut être toute en finesse (Vin Diesel, si tu nous entends). Un seul bémol : Renée Zellwegger en fait un peu trop (que je sache, le raffinement n’implique pas la torsion de la bouche).


Anne de Chochult

2 commentaires:

  1. C'est honteux! 3h10 pour Yuma est un excellent film!

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  2. 3:10 to Yuma est un film tout à fait insignifiant, mais qui ne doit enlever à personne l'envie de voir l'excellent film éponyme dont il n'est que le remake de Delmer Daves avec Glenn Ford, un film qui narre en coupes, et non en plan comme dirait Mamet...
    Mais il n'a rien à voir non plus avec les productions italiennes.

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