Probabilité de chance de risque = 100% puissance quatre

Probabilité que tout se passe bien = zéro.

"Reader, I think proper, before we proceed any farther together, to acquaint thee, that I intend to digress, through this whole history, as often as I see occasion."

Henry Fielding, Tom Jones

vendredi 10 avril 2009

"Ninja Cheerleaders", de Myke Belly


Une larme coule sur un visage, le son du la flûte à bec se fait plus doux, et souligne la douleur de cette inconnue, dont on ne verra pas le regard, seulement la poitrine. C’est sur un symbole majeur de la féminité que s’ouvre, n’ayons pas peur des mots, ce drame bouleversant, d’une poésie rare et intemporelle.

Son réalisateur, Myke Belly, confirme aujourd'hui la particularité de son talent : savoir captiver avec un minimum. Exit les effets spéciaux numériques, surexploités de nos jours, et place à l’artisanat. Car oui, Myke Belly est un artisan, un compagnon du devoir, qui transcende les codes du genre établis par les industriels du cinéma.
Ici de la térébenthine remplace le maquillage de l’héroïne, là une corde fait office de boyaux pour un assassin manchot. La finesse de la mise en scène, magistrale, éclipse jusqu’au récent chef-d’œuvre « Gangsters Pompiers », feuille d’argent du Festival de Vannes 2007.

« Ninja Cheerleaders » est l’histoire de trois pom-pom girls, trois âmes errantes, poussées par un mauvais tour du destin à entrer comme ninja au service de Kim Jon-Il. Au-delà de l'acuité documentaire, il y a le petit miracle de l'incarnation, le pouvoir du cinéma face à la fatalité de la condition féminine.
Jouant avec les mots, le coquin auteur fait croquer aux mutines pom-pom girls une pomme. Les subtiles clins d'oeil cinématographiques font frissonner de nostalgie : "Are you talking to me?" hurle une des héroïnes face à son miroir. "Cours, Forêt, Cours" lance un figurant alors qu'un tsunami s'apprête à recouvrir la plus grande zone boisée de Corée.

C'est ce foisonnement du vivant qui intéresse Myke Belly, encore et encore. Inlassablement, le réalisateur filme les corps nus des héroïnes qui s’entrelacent pour atteindre l’infini. Les lames des sabres caressent la caméra comme pour revendiquer la part d’universalité qui existe au sein de la violence. Le spectateur, lui, repart les méninges en feu, et les sens en éveil.
Anne de Chochult

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