Probabilité de chance de risque = 100% puissance quatre

Probabilité que tout se passe bien = zéro.

"Reader, I think proper, before we proceed any farther together, to acquaint thee, that I intend to digress, through this whole history, as often as I see occasion."

Henry Fielding, Tom Jones

mardi 22 juin 2010

Buzz Buzz Buzz

La fameuse agence digitale Va voir là-bas si j’y suis refait parler d’elle, après son fabuleux et provocant flashmob (voir tag flashmob, ce blog est un exemple de concision et d’organisation). En effet, elle vient de livrer la quintessence de sa démarche, sa raison d’être, son positionnement business, bref, la poutre qui sous-tend tout le toit de sa réflexion. Balthazar Ni, le très jeune président de cette fraiche entité, avait déjà choqué la foule considérable des publicitaires à lunettes et cheveux de tout Paname en déclarant « J’encule le digital », magnifique paradoxe alors qu’il lançait le jour même Va voir là bas si j’y suis, agence digitale. L’enfant terrible de la publicité refrappe un bon coup dans le plexus de tous les bien pensants et mauvais stratèges du milieu avec une nouvelle éthique d’agence, la DESTRUCTION THEORY.

Avant de vous livrer le manifeste sustitré, écoutons le bougre :



Photo: Balthazar Ni, surnommé le Brad Pitt du 360, est en pleine réflexion stratégique.

« En fait, j’en avais juste ras la claque de toutes ces théories d’agences fumeuses et malodorantes : la Brand Theory, la Human Axis , la Insight Redbullet Obnoxious Idea, la What the fuck knowledge, tous ces concepts rivalisant en absence de contenu , marketés pour faire beau mais sans vraie réflexion. J’ai voulu donner un coup de pied dans la fourmilière…lancer le caillou dans la terrier…frapper la ruche avec un grand bâton en teck …défoncer la termitière à coup de ballon de foot…vous voyez quoi…putain…y a pas beaucoup d’animaux qui vivent dans une maison hein….tain ça ferait une belle pub pour Pedigree ça… »

Résultat, un manifeste osé, mais brillant , que nous publions ici en exclusivité métropolitaine.




dimanche 13 juin 2010

FRENCH PEOPLE



Aujourd’hui My Exquisite Corpse a eu la joie de pouvoir interviewer, en exclusivité partagée également par 17 autres reporters, la jeune pousse du cinéma français Argantelle Lafrafra. A 23 ans, elle a déjà conquis tous les grands noms du cinéma français, et a attiré l’attention des pontes d’Hollywood, alors que vous, au même âge, êtes en train de chercher désespérément un CDD mal payé bande de moules. Elle a commencé dans le singulier « Spleen bourguignon » de l’exigeant Guingand Crapoulet, incarnant une mystérieuse Alba tourmentée, ce qui lui a valu une nomination pour le « meilleur espoir de l’incarnation de la dépressive parisienne en Zadig et Voltaire pétée de tunes mais malheureuse comme une vieille chaussette sans jamais donner ses raisons, la plus crédible explication de son comportement étant qu’elle s’emmerde dans son appart du Marais» au festival de Melun. Après plusieurs rôles dans plusieurs films de plusieurs cinéastes, elle a frappé dans l’œil droit de Boyen Thai (qui ne voit plus grand chose depuis, d’où d’ailleurs sa chute cocasse et grotesque lors de la descente des marches avec un grand M), et campe dans la dernière fresque historique de ce géant du cinéma US une Aliénor d’Aquitaine pétrifiante de vérité, d’autant plus pétrifiante qu’elle n’apparaît que deux fois à l’écran, dont une scène toute nue et l’autre sans voix.


Argantelle, racontez-nous un peu cette incroyable expérience dans « Jehan Le Preux » de Boyen Thai. Que s’est-il passé ?

C’était assez incroyable. C’est sûr. Je ne m’y attendais pas du tout à vrai dire. J’étais chez moi, peinarde, quand Boyen (ndrl. Thai, mais lui et moi sommes comme les deux doigts de la main depuis) m’a appelé, et m’a dit « Argantelle, you’re fucking great, hot, and smart. Please come, I beg you, pleeeeease. ».  Evidemment je ne pouvais pas refuser,  Boyen en personne me suppliait de venir !

Et le tournage ? Quel effet vous a fait Hollywood ?

C’était assez incroyable, c’est sûr. Beaucoup plus grand qu’un film français. Oui. Beaucoup plus de monde. Beaucoup plus d’acteurs. Oui, incroyable. Beaucoup plus de caméras. Oui, beaucoup plus d’assistantes décoration. Oui… Beaucoup plus de …

Aha. Et côtoyer au jour le jour des mythes du cinéma américain comme Rufus Hydiun, Gladia Bouionoui, Waynee Mainee ?

Incroyable. C’était incroyable. Rufus est incroyable, un cœur grand comme ça. Il m’a donné un surnom, Argantelle la tarentule. Qu’est ce qu’on se fendait la poire après le tournage, lui, moi, Gladia et Waynee ! Des gens incroyables quand on les connaît, pas du tout arrogants…mais bon il faut les connaître hein…

Argantelle, vous êtes la fille de Jeremiah Lafrafra, producteur de « Spleen Bourguigon », votre premier film. Vous êtes également cousine germaine et Suzanne de Newton Thai, la femme de Boyen Thai. En outre, vous êtes également la compagne d'Eugène Crapoulet, fils de Guingand Crapoulet, Eugène jouant d’ailleurs votre partenaire à l’écran dans « Spleen Bourguignon », tout aussi dépressif que vous dans le film, à la différence qu’il est habillé par The Kooples. Pensez-vous que ces accointances ont pu parfois, comme ça, sans faire exprès, vous aider dans votre carrière ?

Non. Absolument pas. D’ailleurs, vous voulez que je vous dise, lorsque que mon père est allé voir "Spleen Bourguignon", il a dit à ma mère (qui est d’ailleurs la banquière de Guingand Crapoulet, tout en étant la sœur de Boyen Thai, et la fille de Lasi Kliklik, le réalisateur de mon prochain film « Ou étais-tu parti quand tu n’étais plus là alors que j’étais arrivé ») , « chérie, ne serait-ce pas notre fille sur l’écran ou je m’abuse ? » . Et puis vous savez, j’en ai marre de toute cette persécution à l’encontre des Filles de et des Fils de ! Je n’y peux rien moi, si je baigne depuis toujours dans le milieu du cinéma ! Vous savez, tous ces journalistes qui s’acharnent sur des jeunes acteurs qui cherchent à débuter, sous prétexte qu’ils sont nés au sein d’une certaine famille, eh bien, eh bien, ça me fait penser à …. NB / note de l’auteur : à cet instant, nous sentons clairement en Argantelle Lafrafra la tentation d’utiliser une figure littéraire de plus en plus commune, à savoir la comparatofaschistisation. La comparatofaschistisation consiste à établir un parallèle audacieux entre une situation actuelle quelconque (un temps pourri, un pouvoir d’achat faible, une fuite des canalisations, le site Voyages sncf qui ne marche pas, un frigo qui casse, des tomates qui n’ont pas de goût) et l’oppression nazie de la 2ème Guerre Mondiale. Le parallèle est d’autant plus audacieux quand la situation actuelle n’a rien à voir avec le ski ou la choucroute. Et bah ça me fait penser à….et bah à…certains journaux….oui et bah….à la chasse aux sorcières !!!! Oui la chasse aux sorcières…très bien ça…

Argantelle, tout ça est tout simplement fabuleux. Ces films, votre nomination au « meilleur espoir de l’incarnation de la dépressive parisienne en Zadig et Voltaire pétée de tunes mais malheureuse comme une vieille chaussette sans jamais donner ses raisons, la plus crédible explication de son comportement étant qu’elle s’emmerde dans son appart du Marais», et maintenant d’ailleurs, cette nouvelle qui vient de tomber et de se faire sacrément mal, votre nomination au Grand prix de la banlieue Est de Sacramento, pour votre prouesse dans Jehan Le Preux avec la nomination féminine de l’année pour « un rôle carrément de second plan qui consiste à être debout et parfois assise et parfois redebout et parfois reassise et parfois à faire un regard super super méchant mais au fond très émouvant et à dire « damned, mon bon roi, où est donc mon étole » », c’est fabuleux. Auriez-vous imaginé ça, il y a quelques années, au lycée Gonzague ?

Oui c’est incroyable. C’est sûr. Et je n’aurais jamais , mais alors jamais imaginé ça. Vous savez, moi quand j’étais au lycée, je n’étais pas cette fille incroyablement sublime et populaire que vous admirez aujourd’hui avec vos yeux ébahis. J’étais très timide, réservée. Je ne sortais pas beaucoup, je restais chez moi à lire Wittgenstein et Marc-Aurèle. Et si vous pensez que je faisais tomber tous les garçons, eh bah vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’au trognon. Je me trouvais AFFREUSE, mais vraiment AFFREUSE. Bref, c’est incroyable. Juste incroyable.


vendredi 11 juin 2010

CRIME ET CHATIMENT

Paris, le 7 juin 2010



A l'attention de l'Editeur Royal des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique


Monsieur,



De séjour à Bruxelles le week end dernier, nous avons visité l’exposition « Symbolisme en Belgique » aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. Les œuvres exposées nous ont frappées par leur grande qualité, mais nous sommes restées perplexes face au caractère obscur des explications fournies par le « guide du visiteur ».

En effet, ce guide était l’unique porte d’entrée à la thématique du symbolisme - l’absence quasi totale de textes explicatifs étant revendiquée comme un choix assumé - et cette porte nous a été claquée au nez sans ménagement. Nous avons été déroutées par le ton amphigourique et prétentieux, par les notions et références absconses, ainsi que par le manque d’informations essentielles à la compréhension de la démarche artistique.

Cette incompréhension nous étonne pour deux raisons : tout d’abord, comme l’indiquait une des citations en préambule de l’exposition, le symbolisme ne devrait-il pas évoquer des mythes et références intemporelles et universelles, et à ce titre, être intelligible à tous ? De plus, nous nous demandons de quel niveau d’études le visiteur lambda doit pouvoir se prévaloir pour espérer comprendre votre « guide », sachant que les cinq années d’études supérieures que nous avons chacune effectuées ne nous ont pas permis de percer son propos.

En guise d’exemples, nous vous proposons quelques extraits qui nous ont donné du fil à retordre.

Tout d’abord, plusieurs phrases ont retenu notre attention par un style obscur, qui sacrifie la clarté du message à la suffisance du verbe et à des constructions littéraires élégantes mais creuses : « De l’expansion de l’encre surgit une fantasmagorie qui témoigne d’une vie psychique ramenée à l’origine », ou bien « Aux sombres méandres de l’inconscient, la fleur oppose les circonvolutions de son expansion dans l’espace. ».

Bien plus problématique est l’abondance de concepts et références culturelles et artistiques présentés comme des évidences, et qui ne peuvent pourtant être perçus comme telles que par des experts en art de votre niveau. « A l’azur répond une aspiration mystique qui fait de l’image un « logogriphe visuel » - selon la formule employée, en 1898, par la critique viennoise – vouée au silence » : que signifie un « logogriphe » ? Qu’est donc la critique viennoise ? « Marqué par les visions mythographiques de Gustave Moreau, la tentation se cristallise dans la confrontation de l’ermite et de l’hétaïre » : qu’est ce qu’une hétaïre ? Et qu’entend-t-on par les « visions mythographiques » ? « Les saintes femmes au tombeau renouent ainsi avec une tradition bourguignonne qui participe de la redécouverte des Primitifs flamands que consacrera l’exposition organisée à Bruges en 1902 » : malheureusement, nous ne sommes pas au fait de la « tradition bourguignonne », et le fait qu’elle ait participé à la redécouverte des Primitifs flamands ne nous a pas éclairé. « Péladan se mue en animateur et annonce la consécration de l’Art-Dieu à travers une mise en scène spectaculaire des synesthésies » : aucune de nous trois n’étant neurologue, le terme de « synesthésie » nous est resté obscur. Enfin, « Rallié à l’académisme et lauréat du Prix de Rome, Delville développe désormais une esthétique hantée par l’ésotérisme, l’occultisme et le néo-humanisme ». Qu’est-ce que le prix de Rome ? Et si l’ésotérisme et l’occultisme peuvent être des termes familiers, le néo-humanisme nous semble moins accessible. N’ayant pas l’habitude de nous promener dans les musées un Littré à la main, il faut avouer que toutes ces notions n’ont pu être éclaircies, et nous n’avons pu que nous perdre en conjectures.

De fait, il nous semble que vous avez dérogé à la règle élémentaire de toute transmission de savoir, qui consiste à définir les termes employés. Ceci nous a particulièrement frappé lorsqu’il a été question des salons de la Rose + Croix, qui apparaissent et dans vos textes et dans les peintures, et dont pourtant ni les enjeux, l’idéologie ou le contexte n’ont été explicités.

Pour conclure, nous déplorons le fait que cette exposition si riche n’ait pas été accompagnée d’une véritable guide, mais ait été rendue plus complexe par un canevas d’explications fumeuses et élitistes. Non seulement ces explications, qui n’en sont pas, laissent le visiteur, avide de savoir, frustré, mais elles suscitent également un sentiment humiliant d’inculture.

A l’heure où la démocratisation de la culture à travers l’accès aux musées pour tous se pose comme un enjeu crucial, il nous semble qu’un tel ton employé dans un document de prétendue vulgarisation semble inadapté. Bien plus que le caractère payant d’un billet d’entrée, c’est l’absence de pédagogie déployée vis-à-vis de votre public qui est la véritable barrière à l’accès de tous au patrimoine artistique.

Pour reprendre vos mots, votre guide, et nous le regrettons, n’est finalement qu’ « un savoir perdu pour la masse et dont seul l’initié a conservé le sens ».

Nous attendons avec impatience votre réponse et vos éclaircissements.

Cordialement,

Bâle Ferigonzella, Pam Iritée & Ynipe Oll' Thaicot

jeudi 10 juin 2010

Un nouveau venu dans le paysage parisien : le chômage

Nous inaugurons en ce jeudi une rubrique qui sera du goût de tous les jeunes qui en veulent.

Le projet sélectionné aujourd'hui a réalisé moult études de marché pour capter voire phagocyter les tendances qui payent et semble avoir bien intégré le contexte de crise

Découvrez ci-dessous cette belle initiative qui nous vient tout droit de la rive droite parisienne :

La photo parle d’elle-même.



Lancé il y a quelques années, le Chômage semble aujourd’hui rencontrer un franc succès :

Et pas seulement en France ! Toute l’Europe s’emballe pour ce petit nouveau qui souffle un vent de fraîcheur et de liberté sur le continent.

Lisbonne a adopté sa propre version du concept...

...tandis que Berlin se refuse à suivre le mouvement.

L’idée a même traversé l’Atlantique, provoquant un réel engouement chez nos cousins nord-américains:


Aujourd'hui, les vieux, les jeunes, les ouvriers, les cadres, les coiffeurs, les boulangers, n’ont plus qu’un mot à la bouche : "le chômage ! le chômage !" (oui ça fait quatre mots et deux signes de ponctuation)

`

Cet enthousiasme n'est pas étranger à un nouvel humanisme, qui a émergé à la faveur de la crise.Pour Julien, 27 ans, le chômage «est une nouvelle façon de voir les choses, qui va à l’encontre du modèle capitaliste dominant». Ses propos s’appuient sur des événements récents :
(Mais que vient faire la Hongrie dans cette affaire ?)
Néanmoins, quelques clients mécontents souhaiteraient voir le chômage adopter un «design plus trendy» ou «une offre plus large et plus variée», sans succès...




Mais ce sont surtout les gouvernements qui s’en plaignent...

... tandis que les administrations, elles, «se donnent à fond» dans cette nouvelle tendance.





Alors, le chômage, mode d’un instant ou tendance lourde? 
Quoi qu'il en soit, oyez oyez, voici une nouvelle qui fleure bon le printemps qui est déjà fini : Le Chômage recrute !
naÿv la nrf yee!
(avec les conseils érudits de L.H. aka Le Gus)